Berlin c'était :
40000 participants, 122 nationalités, 1 départ donné en deux temps sous une pluie battante, poncho ou sac poubelle, casquette obligatoire. 14 ° affichés, mais 10° ressentis.
09h00 c'est parti, il pleut et tu as froid, mais c'est l'euphorie et l'ambiance te tient chaud. Tu essaies de suivre la fameuse ligne bleue ( ici elle est triple, sponsor Adidas oblige).
Des énormes flaques d'eau partout, tu veux les éviter mais c'est le pied du coureur voisin qui t'envoie une gerbe bien fraîche. Tes chaussures pèsent des tonnes, c'était bien la peine d'investir autant pour avoir des blocs de ciment le jour J.
10 km, 15 km, les vieilles douleurs se réveillent avec l'humidité. Bien le bonjour des ischios, les mollets c'est comme les chaussures, du béton !
Il faut serrer les dents.
Heureusement le parcours est plat, quelques légères côtes. Des rafales de pluie et de vent glaçé au passage des ponts. Beaucoup de monde sur le bord de la route pour nous encourager dans toutes les langues, beaucoup de drapeaux et de parapluies.
Le semi, 1h54', les cuisses sont roses fuschia (oui je suis en short et Tshirt manches courtes !). La foulée est courte, les semelles battent bien le pavé.
Ne pas écouter la voix qui te demande ce que tu fais là et pourquoi tu ne t'arrêtes pas...
Serrer les dents, oublier le mal, suivre la ligne, ne plus penser, se mettre en mode over blonde.
Manger, aller aux ravitaillements, boire quelques gorgées en courant, ne pas glisser sur le tapis de gobelets vides.
25, 30km, un regard à la montre, le compte à rebours peut commencer.
Moment d'euphorie, il pleut moins, tu suis les maillots des coureurs repérés à ton allure. Sympa les maillots Run 4 fun, there is no finish line, Mexico, Brazil, Italia, France, South Africa. Tu doubles quelques attardés. Il y a toujours des ponchos, des sacs poubelle à 2 pattes, des flaques, des dossards déchirés qui traînent.
35km tu vois des ballons orange devant toi ( jamais vu avant !), c'est ceux des 3h45. Super tu peux encore y arriver.
T'as pas mal, tu es bleue mais même plus froid.
Les gens aux balcons t'encouragent, musique techno à fond, vuvuzelas. Et si tu levais les bras pour remercier ? Laisse tomber !
37 km, 5 bornes et c'est fini ! Ca tire de partout mais tu as le moral !
Va chercher à boire, prend un gobelet, surtout ne pas marcher.
EH LE GRAND là ! Il m'a pas vue ??? BEN NON! tu t'arrêtes pour que Môssieur puisse se servir.
Première foulée, genou gauche bloqué... La tuile!
Les ballons s'éloignent, tu oublies le chrono, tu veux juste finir, ne plus marcher.
Tu trottines, aiguilles plantées sur le côté du genou. Ne regarde pas ceux qui marchent sur le bord de la route, ne t'arrête plus. La ligne, suis la ligne !
39, 40, 41 il fait froid, revoilà la pluie, j'ai mal, serre les dents !
Dernier virage, la ligne droite, 1 arche, 2 arches ( fichus sponsors) toujours pas la ligne !
42 km fixer la Porte de Brandebourg, autour la foule, les cris, HOP HOP
Je passe la Porte, MAIS ELLE EST OU L'ARRIVEE ?
Les photographes, une double arche blanche , caméras dessus. Le chronomètre affiche 4h01, ma montre 3h58'
Rideau de fin
ISH BIN EIN BEARLEENER comme dirait JFK
La jambe gauche ne plie plus. Oh un oeuf de caille sur le genou, je ne l'avais pas ce matin !! Je grelotte, ma médaille autour du cou enveloppée dans mon poncho vert.
Z'avez pas vu Robert
Bises
A ce soir