un peu en retard mais déplacement à Paris lundi avec avion à 6h
alors que je voulais prendre une journée de repos !
Chacun sa course, voici la mienne. Récit un peu long mais il sert aussi sur d'autres supports.
"J’ai vraiment bien dormi, je dors toujours très bien la nuit des « grands jours », couché 22h et levé à 5h30, p’titdèj habituel (ne rien changer !!!). Départ à pied à 6h30 pour 30 minutes de marche afin de rejoindre la consigne sur la Prom.
Comme il est difficile de partir s’échauffer le matin d’un marathon, j’avais décidé de marcher seul pour faire monter le corps en température et « rentrer » dans la course, c’est aussi une manière de se concentrer et mobiliser son envie (encore qu’à 6h30 il y soit plein d’envies…).
Une jolie promenade de détente matinale, via Rauba Capèu, me conduit au point de rendez-vous, c’est un manège mais beaucoup sont stressés quand même et les sourires me semblent crispés. Le temps est maussade mais il fait bon. Je suis détendu et heureux d’être là !
Après quelques bises et serrages de pinces, Geneviève et Bernard ne sont pas là, je conduis Jacques hagard à la consigne pour qu’il dépose son sac et que nous vidions nos poches ce que nous fîmes face à la mer, quel soulagement sauf qu’à cette heure il surgît deux baigneuses… tant pis.
Nous trottinons vers nos SAS respectifs afin de conserver l’influx et nous nous souhaitons une bonne course, il est 7h36. Nous évitons la photo tardive du groupe GSEM, pardonnez-nous mais on ne peut pas être partout et je ne suis plus sûr d’avoir le bon maillot. J’ai choisi le sas 3h15 pour être sûr de ne pas dépasser Jacques qui est dans le sas 3h, tout est normal le chauffeur est toujours à l’avant.
J’ai revêtu un gilet cachemire de feu tonton César, c’est un joli marron à boutons en cuir, je n’ai pas froid, c’est sa dernière mission et je préfère l’abandonner là… ça fait 40 ans que je le vois et il n’a pas une boulette, ce doit être de la laine de lama ! Bernard Laugier m’avait demandé de le lui garder mais je ne peux pas courir avec cette peau…
C’est ainsi que je me mets à tourner en rond dans ce bocal de barrières duquel j’entends un appel réitéré, c’est Dominique venu encourager les survivants de la préparation marathon. Peu après, je vais prévenir Christine P. que son mari et ses deux petites appellent en vain pour un dernier bisou avant le départ. Mais nous avions le temps, l’annonce du départ retardé de 15 minutes venait de tomber, la sncf s’illustrant à nouveau par sa promptitude… et prenant en otages des coureurs infortunés.
Donc un quart d’heure de plus à tourner en rond, non je décidai d’arrêter le manège et toujours dans mon cachemire de m’approcher de l’agglomérat des coureurs en mal de starter. Content d’y retrouver par hasard Renaud le kiné qui m’a soigné pour le marathon de Paris et deux de ses amis. Renaud et Benj sont sur 3h30 comme moi, nous règlerons notre course ensemble, très heureux de ne pas être seul pour la course et ce sont, eux, de vrais sportifs.
Top départ, j’avais déjà lancé mon poil de lama au grand dam de certains connaisseurs qui avaient même hésité à le récupérer pour un vide-grenier (véridique !) mais que la longueur de l’épreuve avait ramenés à la raison si tant est que de courir un marathon soit vraiment raisonnable.
Content de courir enfin, je règle mon allure et définis ma stratégie : courir sur la voie nord moins fréquentée par ces temps de cohue et rester DEVANT le monsieur qui arbore le chevaleresque fanion brodé 3h30 et DERRIERE celui des 3h15, la seconde condition étant plus aisée que le première je me rassure, il faut se parler en courant. Pendant que la tête se parle, les jambes n’y voient goutte et le cerveau oublie (ce couillon !) qu’il a déjà parcouru la distance…
Nous courons à trois et c’est à trois que nous collationnons les temps de passage, autant dire que nous avons « métronomé » sans arrêt notre allure et à mesure que le bitume défilait notre sourire grandissait.
Sourire éclatant surtout de voir Stéphane, Jean-Luc et Claire, Christian, Nadine, Eugène et bien d’autres m’encourageant sur le parcours. Je peux dire qu’il faut se trouver là pour comprendre le bien fou que font ces « allez, bravo, vas-y, t’es bien, …» que l’on garde jusqu’au bout comme des leitmotivs que l’on rejoue lorsque les forces commencent à décliner : MERCI !
Je passe, nous passons tous les trois, le semi en 1h43, tout va bien. Ma technique pour pouvoir continuer est simple, je remets le compteur à zéro et me persuade que l’échauffement vient à peine de s’achever et je règle à nouveau mon allure dans le même état d’esprit qu’au départ, j’oublie que je viens de courir 21 km, ça marche !
Je tente un check-up de la machine : jambes ok (la contracture au mollet droit ressentie depuis mardi s’est fondue dans la douleur globale), dos ok, pieds ok, genoux bijoux ok, « volonté-détermination-plaisir » à entretenir car le capital est vite entamé par la souffrance… je n’abandonne pas !
Le col d’Antibes arrive, 28km je crois, j’accélère dans la côte, cela a la vertu de me faire sourire de voir les autres plantés alors je trouve toujours la motivation d’aller un peu plus vite… et je vois Thierry Denis qui marche et lui lance « Lâche pô, Thierry ». C’est normal, je le surnomme « l’américain à Paris ». En effet, il court toujours avec un bandana US, est parigot et je ne le croise que pendant les marathons, ce Gsemien.
Je me retourne, plus de kiné, je vais devoir courir sans assistance, je passe au 30e en 2h27. Nouveau check-up, tout est ok, je bois de l’eau.
J’ai un sentiment de solitude, j’étais bien avec Renaud et Benjamin, je n’aurais pas dû faire l’arleri dans la côte, on serait encore ensemble. Là, c’est plus dur de courir seul et cela m’étonne.
Je regarde le chrono, regarde devant moi s’il n’y a pas le « mur » car au 33è il peut surgir et il faudra le contourner ou l’escalader. A force de surveiller le mur, j’entends des pas appuyés (certains font du bruit en courant, ils claquent du pied et ça a tendance à me gonfler). En fait, le mur n’est pas devant moi mais c’est bien une mûre de "courir en pays grassois" qui tente de me doubler parée de son emblématique damier noir et blanc. Une ronce doit la piquer car elle souffle comme un réacteur de Mirage 2000N.
Je ne verrai pas de mur, je maintiens mon allure.
Check-up again : jambes un peu dures, ça commence à faire mal, obligé de forcer. Mental ok : « tutto sotto controllo » comme disent les transalpins.
Je me retourne, j’ai peur ! Peur que ce chevalier du troistrente ne me dépasse ! Rien en vue, j’ai dû le semer. Un doute surgit, à force de surveiller le mur n’as-tu pas vu passer le chevalier ? Mon chrono et un rapide calcul me rassurent : je suis bien devant.
Il reste trois mille mètres, il faut s’accrocher pour passer sous les 3h30. C’est l’occasion de faire mieux que l’année dernière.
J’entends Christian sur la Croisette qui me lance « vas-y Nono, sous troistrente, c’est bien ! » mais je n’ai pas le temps de me retourner, je vais trop vite et ma tête est déjà sur la ligne (bon, le corps est encore loin).
J’aperçois la pendule, elle affiche 3:27:58.
Un dernier effort 3:28:40 à la pendule, 3:28:21 à la puce qui s’en gratte des 19 secondes.
Objectif atteint, il suffit d’en avoir (des objectifs je veux dire, hein).
Une grande émotion à l’arrivée mais je me rassure en pensant qu’il s’agit de la pression artérielle qui retombe avec l’arrêt de l’effort.
Le marathon rend le Noël heureux !"
Et bravo à tous les ami(es) du club qui sont allés au bout et merci au staff du club (de l'entraîneur à la Présidente) qui nous permet de nous entraîner sereinement et de participer à ces courses avec la logistique qui suit parfaitement.